Menu

Région et Santé Quels enjeux ?

Région et Santé Quels enjeux ?

Introduction

Professeur Roger SALAMON, Président du Haut Conseil de la Santé Publique

Les problèmes de santé prennent une place de plus en plus importante dans les préoccupations des Français et devraient devenir rapidement une priorité dans l’agenda politique.

Les raisons de cette recrudescence de l’intérêt des Français pour leur santé tiennent à de nombreux facteurs :

  • d’une part les Français se rendent bien compte, à travers scandales et crises multiples, qu’un mauvais état de santé n’est pas une fatalité et ils sont de plus en plus proactifs à travers de nombreuses associations de patients, et soucieux de leur qualité de vie. Ils sont même parfois assez revendicatifs délaissant un désir d’être guéri pour exiger celui de ne pas être malade,
  • d’autre part les progrès thérapeutiques et le vieillissement de la population ont conduit à une forte augmentation de l’espérance de vie corrélée à une bien normale volonté que cette vie plus longue se déroule avec un bon état de santé,
  • enfin la situation des déficits publics, assez incontournables dans le secteur sanitaire, conduit les citoyens à des craintes très justifiées :
      • d’une médecine inégalitaire
      • d’une privatisation croissante du système de soins
      • d’un abandon des actions de prévention et de promotion de la santé
      • de l’accroissement des déserts médicaux
      • d’une médecine qui deviendrait dangereuse par manque des moyens nécessaires à assurer une indispensable qualité
      • d’une perte de la solidarité qui a fait la force de la politique sociale en France.

 

Les questions liées à la santé des populations sont une préoccupation majeure de la population française et cela doit interpeler les politiques et tout particulièrement au niveau régional, niveau le plus adapté pour mettre en place une politique de santé efficiente en relation avec un développement économique et territorial.

Ramener ces problèmes de santé à la seule variable financière, craindre un désengagement de l’état et un transfert vers les régions les mettant dans une situation délicate, peut les responsables politiques régionaux à adopter une politique de l’autruche dangereuse pour la population et qui serait rapidement délétère sur un plan politique.

La crise financière que l’on subit va inéluctablement conduire les régions à se préoccuper de la santé de leurs administrés ne serait-ce que pour pallier les déficiences notables que l’on peut craindre et cette incitation pourrait finalement s’avérer positive si elle permettait aux régions de prendre conscience du caractère indispensable de leur participation à la gestion du système de santé au niveau régional.

Cette « régionalisation » devrait favoriser de nécessaires améliorations du système de santé avec une réflexion qu’il est indispensable de mener et de visibiliser autour des thèmes suivants :

  • protéger l’hôpital public
  • lutter contre les inégalités de santé, dans l’accès aux soins, mais aussi dans la prévention,le dépistage et la promotion de la santé
  • réaliser (ou décliner) des plans multisectoriels pour s’attaquer au niveau régional à des problématiques prioritaires (maladies chroniques, dépendance, troubles du comportement en particulier chez les jeunes, surconsommation médicamenteuse…)
  • inventer des réponses audacieuses et efficientes (réseaux de soins, maisons de santé, nouveaux modes de financement des acteurs de santé…), nouveaux métiers.

S’il n’est pas possible aujourd’hui de préciser une stratégie uniforme pour l’ensemble des régions françaises il est indispensable que celles-ci s’ouvrent clairement à une telle démarche et le fasse savoir. Il y va de leur crédibilité.

Professeur Roger Salamon